Bienvenue dans Développe. Je suis Nassima, psychologue du travail, et je serai votre hôte durant cet épisode.
Dans l’épisode d’aujourd’hui, nous allons aborder les inégalités hommes femmes sur le marché du travail. Ce thème sera l’objet d’un objet de plusieurs épisodes. C’est un sujet politique, social et économique. Nous aborderons cette thématique à travers différent cadre théorique : du point de vue de la psychologie du travail, évidemment, mais aussi un petit peu du point de vue de la sociologie.
En France, nous entretenons une vision souvent idéaliste de l’égalité, qui tend vers un égalitarisme rigide, c’est ce que nous dit Florence Chappert, experte dans le Genre, l’égalité, la santé et les conditions de travail (Romanser, 2024). Cette approche réduit les nuances qui existent entre les individus. Cependant, la nature humaine est marquée par la diversité, comme l'a souligné Salin (2019). Plutôt que de parler d'inégalités, il serait plus juste de reconnaître cette diversité et de respecter les différences inhérentes entre les individus. C’est particulièrement pertinent dans le contexte du travail, où les hommes et les femmes ne sont pas toujours égaux en raison de différences naturelles qui, jusqu’à présent, n’ont pas été suffisamment prises en compte. Dans cet épisode, nous allons aborder ce sujet en nous basant sur le rapport de l'Anact (Agence National pour l'Amélioration des Conditions de Travail) "Photographie statistique de la sinistralité au travail en France selon le sexe entre 2001 et 2019 : Des évolutions différenciées pour les femmes et les hommes ». L’Anact étant l’Agence National pour l'Amélioration des Conditions de Travail).
Preuves par les chiffres : l’évolution des maladies professionnelles
Les statistiques actuelles montrent que les inégalités dans le monde du travail affectent différemment les hommes et les femmes. D’après l'ANACT, entre 2001 et 2019, l'effectif des salariées a augmenté de 13,5 %, mais les maladies professionnelles reconnues ont connu une augmentation impressionnante de 108 %. Ce qui est frappant, c'est que cette progression a été deux fois plus rapide chez les femmes (+158,7 %) que chez les hommes (+73,6 %). L’évolution des maladies professionnelles sur cette période révèle une tendance alarmante : les femmes sont exposées à des risques insuffisamment identifiés dans des secteurs à forte prédominance féminine, comme la santé, le social, le nettoyage ou encore l’intérim.
Adaptation des politiques de prévention des risques
Toujours d’après le rapport de l’Anact (2022), cette réalité questionne la capacité des politiques actuelles d’évaluation et de prévention des risques professionnels. En effet, celles-ci semblent encore inadaptées aux spécificités des emplois occupés par les femmes. Il est essentiel de prendre en compte les conditions d’exposition différenciées entre les sexes, pour progresser dans la prévention des risques. Le Code du travail stipule désormais que les entreprises doivent intégrer cet impact différencié dans la rédaction du document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP). Cette évolution est d'autant plus cruciale. Les enjeux liés à l’attractivité des conditions de travail et d'emploi sont devenus prioritaires, notamment dans les secteurs qui ont des difficultés à recruter.
Inégalités spécifiques aux femmes dans le travail
Dans cette partie, nous allons aborder les effets de la non prise en compte des spécificités des hommes et des femmes dans les situations de travail. Tout d’abord, d’après le rapport de l’Anact, ces inégalités ont des répercussions directes sur la performance de l’entreprise, avec un taux d’absentéisme plus élevé (30 à 40 % de plus chez les femmes) et une baisse globale de la performance. Ensuite, les femmes sont particulièrement vulnérables aux troubles musculo-squelettiques (TMS), aux risques psychosociaux (RPS) et à l'usure professionnelle.
Le constat face à ces inégalités
Florence Chappert et Patricia Therry font deux constats majeurs dans leur rapport (2022) :
Il y a une sous-évaluation de l’exposition des femmes aux risques professionnels. En effet, les emplois à prédominance féminine (administration, soins, commerce, etc.) ont longtemps été considérés comme « légers » par rapport aux métiers « lourds » (BTP, industrie…), majoritairement masculins.
La prévention est insuffisamment adaptée. Les chiffres montrent que les risques professionnels pour les femmes évoluent plus rapidement que leur progression dans l’emploi. Cela concerne autant pour les accidents de travail que pour les maladies professionnelles.
Pour terminer, on peut se demander ce que les entreprises peuvent faire pour réduire les inégalités.
Comment les entreprises, peuvent-elles réduire les inégalités ?
Pour remédier à ces inégalités, le réseau Anact-Aract recommande la mise en place d'un plan d’action. Ce plan est en faveur de l’Égalité Professionnelle et de la Qualité de Vie au Travail. Ce plan doit être fondé sur un diagnostic préalable. Cela permettra de mesurer les écarts de situation entre les hommes et les femmes au sein de l’entreprise. Une fois le diagnostic établi, il est possible de déployer un plan d’action concret. Le but de ce plan d'action est de réduire ces inégalités. Il devra être discuté avec les instances de l’entreprise (comité d’entreprise, délégués syndicaux, etc.). Ces démarches sont indispensables pour assurer une meilleure prise en compte de la diversité dans le travail, afin de garantir un environnement plus juste pour toutes et tous.
C’est la fin ! On espère que le sujet vous aura plu ! N’hésitez pas à nous donner votre avis en commentaire et à nous mettre des petites étoiles. On se retrouve pour le prochain épisode de Développe !
Références
Chappert, F., Therry, P., 2022, Photographie statistique de la sinistralité au travail en France selon le sexe entre 2001 et 2019, Des évolutions différenciées pour les femmes et les hommes (ANACT), consulté le 25 septembre 2024.
Romanser, A. L. (s. d.). Ménopause : « Adapter les conditions de travail à des maux féminins est un tabou total ». Libération. Consulté 25 septembre 2024, à l’adresse https://www.liberation.fr/societe/sante/menopause-adapter-les-conditions-de-travail-a-des-maux-feminins-est-un-tabou-total-20240903_5KHVVMM4CNHXZAQUK723PIH5X4/
Salin, P. (2019). Chapitre 3. Le mythe égalitaire. Hors collection, 147‑176.
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