Dans le podcast précédent, nous avons parlé du cycle menstruel, de ses effets sur les femmes et comment celles-ci peuvent adapter leur quotidien professionnel en fonction de lui. Dans le podcast d’aujourd’hui, qui est la suite du précédent, j'aimerais pousser la réflexion.
Comment l’adaptation du travail aux variations physiques peut-elle jouer un rôle dans la quête de sens et la performance au travail ?
Les enjeux : monde du travail & productivité
Dans notre système, il est demandé aux hommes de tenir une cadence importante au travail : il faut être productif·ve peu importe les circonstances. Le fait de devoir tenir un rythme intense sur une longue période peut être compliqué. Ce type de rythme peut entraîner des maladies psychologiques, chez les hommes et les femmes.
Pour ces dernières, on peut ajouter un paramètre : le cycle menstruel. Contrairement à ce que l’on croit, le cycle menstruel n’est pas une tare. Si on saisit son fonctionnement, il est tout à fait possible d’en faire un outil puissant au service de notre travail et de notre vie personnelle.
Des innovations managériales au service du féminin
Dans cette partie du podcast, j’aimerais partager quelques idées pour pouvoir améliorer les conditions des femmes au travail.
Une entreprise au féminin
Dans son ouvrage, Miranda Grey parle du concept de l’entreprise au féminin. Selon elle, et dans un monde idéal, une entreprise au féminin serait une entreprise dans laquelle les femmes feraient des points hebdomadaires sur la situation de leur cycle afin de déterminer le rôle de chacune. Pourquoi faire cela ? Parce que chaque femme, en fonction de la période de son cycle, est plus efficace pour réaliser un certain type de tâche.
L’idée serait d’attribuer des rôles définis à chacune, selon la phase de son cycle (par exemple, lancer de nouveaux projets, gérer les clients, améliorer la conception de produit, revoir les valeurs de l’entreprise/service, etc). L'idée serait aussi de pouvoir soulager les collègues qui ne seraient pas en capacité, pour des raisons évidentes ici.
D'ailleurs, pourquoi ne pas l'intégrer dans des équipes mixtes avec des personnes ouvertes à cette innovation, afin d'observer si c'est quelque chose qui pourrait fonctionner, ou non. Une idée innovante qui mérite que l’on s’attarde dessus.
Peut-être qu’adapter son travail en fonction de son état physiologique et psychologique serait une manière de se réapproprier à la fois son corps et son environnement de travail, et ainsi de donner ou redonner du sens à celui-ci. C’est une proposition étonnante mais qui peut ouvrir le débat pour envisager et trouver des pistes d’améliorations.
Ensuite, je voudrais vous parler du congé menstruel.
Le congé menstruel
Commençons par un peu de chiffre : D’après l’IFOP (institut d’étude d’opinion en France), une femme sur dix déclare souffrir de dysménorrhée. 20 % des femmes déclarent subir des règles très douloureuses. 44 % des femmes rapportent avoir déjà raté le travail à cause de la douleur de leurs règles. « 65 % des femmes salariées ont déjà été confrontées à des difficultés liées à leurs règles au travail, quand 35 % d'entre elles déclarent que leurs douleurs menstruelles impactent négativement leur travail ».
Malgré tout cela, il n’existe aucun cadre légal en France qui permet aux femmes de prendre des congés en cas de besoin. À l’heure où la qualité de vie et les conditions de travail sont au cœur de la refonte des organisations, il s'agit d'un manquement envers une partie de la population française.
De plus, le travail permet à un individu d’être reconnu pour ce qu’il fait, et d’attester de son existence (Morin & Forest, 2007). C’est une manière de s’accomplir et de construire sa propre identité en tant qu’individu. Le fait que les règles soient un sujet tabou en entreprise donne le sentiment de mettre de côté la femme et ses besoins.
Or, une personne arrive à donner du sens à son travail à partir des relations qu’elle entretient avec son environnement de travail, incluant ses collaborateurs et ses supérieurs. De ce fait, continuer à entretenir ce tabou et en ne mettant en place aucune solution à ce problème peut nuire à la qualité de vie au travail des femmes.
Cependant, la mise en place du congé menstruel crée le débat. Même si une majeure partie des femmes souhaiterait sa mise en place, d’autres craignent les retombées. Premièrement, cela peut porter atteinte à leur intimité : si elles ne prennent pas de congé, cela peut donner des informations sur leur contraception, par exemple.
D’autres ont peur de la discrimination et du plafond de verre. Le fait d’accorder ce droit aux femmes peut représenter une autre contrainte pour l’employeur, au même titre que des femmes peuvent se voir refuser un poste si elles ont la volonté d’avoir des enfants. Il y a une réelle peur de perdre des droits difficilement obtenus.
Mais ces craintes témoignent d’un sentiment de non-acceptation dans la sphère professionnelle (Bœuf, 2020) et d'un climat discriminatoire encore présent.
Donner une place aux femmes
Ainsi, mettre en place des dispositifs adaptés aux femmes serait une manière de leur laisser une place : c’est comme si on leur disait « on vous voit et on vous comprend », cela diminuerait leur charge mentale. Le travail de recherche d'Aline Bœuf a démontré que les femmes passent plus de temps à cacher leurs règles aux yeux du monde plutôt qu’à prendre soin d’elles.
J'entends également que certains hommes puissent aussi être réfractaires face à cette initiative. Toutefois, ne serait-ce pas une manière de compenser les contraintes qu'apportent les menstruations telles que l'achat de produits hygiéniques, les rendez-vous chez le médecin et l'achat de médicaments ? D'après l'INSEE, une femme dépenserait en moyenne 5 763,56 euros pour ses règles, tout au long de sa vie. Finalement, ce projet ne serait-il peut-être pas une manière de rééquilibrer la balance ?
Je termine cet épisode par cette petite réflexion. N’hésitez pas à me donner votre avis sur la page de Linkup sous les posts dédiés aux congés menstruels. Nous avons également sorti un livre blanc si vous souhaitez avoir plus de détails sur ce sujet.
Conclusion
Pour conclure, je voudrais ajouter que questionner et comprendre ce qui contribue à notre bien-être peut nous aider à mener des vies plus épanouissantes. Et peut-être qu’à terme, cela pourra peut-être guider les décisions politiques et sociales pour nous créer un environnement de travail bienveillant et qui serait plus adapté.
Merci d’avoir écouté ce podcast, à très vite, prenez soin de vous.
Crédits musique :
"Vibing Over Venus" Kevin MacLeod (incompetech.com)
Licensed under Creative Commons: By Attribution 4.0 License
http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/
"Pleasant Porridge" Kevin MacLeod (incompetech.com)
Licensed under Creative Commons: By Attribution 4.0 License
http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/
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