Dans l’épisode d’aujourd’hui, et d’ailleurs, je pense que ce sera l’objet de plusieurs épisodes, nous allons aborder les inégalités homme-femmes sur le marché du travail. C’est un sujet politique, sociale et économique. Dans cette série d’épisodes, nous aborderons selon différent cadre théorique : psychologique essentiellement — psychologie du travail-, sociologique et économique.
La dernière fois, je suis tombée sur un article, je ne me souviens plus de la revue, c’était pour le grand public. Cet article rapportait les propos de Claudia Goldin, elle a reçu le prix Nobel d’économie en 2023. Cette dame, Claudia Goldin, nous expliquait que la situation des femmes s’est considérablement améliorée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle disait même que la participation des femmes sur le marché du travail est un des phénomènes les plus marquants du XXe siècle. Cette participation à l’économie a permis aux femmes de recevoir une éducation plus égalitaire face hommes, jusqu’à même pouvoir atteindre des postes de hauts rangs. Mais bon quand bien même cette avancée, l’évolution de la place de la femme reste paralysée aujourd’hui pour les problématiques que l’on connait : il y a une remise en question de ses compétences et de ses capacités, les femmes n’ont pas la même reconnaissance financière que les hommes, les femmes sont victimes de nombreuses inégalités.
1. L'égalité pour les femmes
1.1 L'évolution de la place de la femme paralysée
Dans une interview, l’économiste Cecilia Garcia-Peñalosa nous dit clairement : l’égalité entre les hommes et les femmes est encore loin d’être gagnée Cecilia Garcia-Peñalosa explique que la participation de la femme dans le monde du travail a stagné, même si elle a beaucoup évolué tout long du siècle dernier. L'économiste nous explique pourquoi ces inégalités perdurent :
1.2 Des inégalités persistantes
Déjà, il existe toujours des différences entre les hommes et les femmes quant à la répartition des tâches ménagères. C’est toujours la femme qui s’en occupe le plus.
Ensuite, le choix des filières joue un rôle dans les inégalités homme-femmes. Celui-ci est très genré. Il y a un taux de femmes, dans les professions techniques, moins élevé que dans les professions du care (25 % dans les écoles d’ingénieurs contre 60-75 % dans les parcours de soin). Cela participe également aux écarts de revenus. Cette différence provient de l'idée que les filles auraient une image négative de leur capacité à résoudre des problèmes scientifiques, influençant le choix de leur filière (Kessels & Hannover, 2008).
Après, il y a toujours la question du salaire. Une femme gagne en moyenne 20 % de moins que les hommes. De plus, en raison de la charge domestique, les femmes favorisent souvent des posts à temps partiel.
Pour finir, l’accès à des postes à responsabilités est toujours compliqué. On retrouve peu de femmes à des postes à responsabilités : déjà, parce que les femmes sont souvent victimes de discrimination. Il est encore très inconsciemment admis qu’un homme serait plus apte pour tenir un poste à responsabilité ; deuxièmement, les femmes s’auto-sélectionnent aussi, peu d’entre elles postulent pour des postes importants. L’économiste Cecilia Garcia-Peñalosa conclut sur le fait que les hommes et les femmes auraient des attitudes différentes : les femmes prendraient moins de risque que les hommes et seraient moins enclines à se diriger vers des environnements compétitifs.
Ainsi, le contexte et les croyances que l’on peut avoir sur les femmes, ou que les femmes peuvent avoir, influence leurs situations, sur le marché du travail. Ce point nous amène à évoquer la notion de stéréotype de genre.
2. Stéréotypes de genre et place des femmes sur le marché du travail
La recherche en psychologie sociale met en évidence des différences d’attitudes entre les hommes et les femmes dans les organisations. Les stéréotype de genre peuvent être une des raisons par lequel on peut expliquer ce phénomène. Les recherches de Madeleine Heilman datant de 2001, professeure en psychologie sociale et faisant partie des nombreux chercheurs ayant travaillé sur le sujet, nous explique ce construit.
2.1 Le stéréotype de genre
Avant de rentrer dans les détails, je vous propose d’abord, qu’on définisse le stéréotype de genre.
Déjà, est-ce que vous savez ce que c’est un stéréotype à la base ? Avant d’avoir une dimension psychologique, c’est un mot qui désigne “ un coulage de plomb dans une empreinte, destiné à la création d’un “cliché” typographique” (Schadron, 2006). Le terme, par la suite, a été emprunté par un monsieur qui s’appelle Lippmann en 1922 dans son œuvre Public Opinion. Lippman va associer, au terme de stéréotype, les images que nous fabriquons à l’égard de groupes sociaux (Schadron, 2006). Un stéréotype est donc une idée à priori que nous pouvons avoir sur une personne ou sur un groupe de personnes. Il en existe deux types : les stéréotypes descriptifs (e.g. décrit la façon dont une femme est censée être par exemple) et les stéréotypes prescriptifs (e.g. la manière dont une femme devrait être par exemple). Un stéréotype de genre, c’est donc une idée préconçue en relation avec le genre. Et ils peuvent avoir des effets négatifs surtout dans le milieu professionnel.
2.2 L'impact des stéréotypes de genre
Madeleine Heilman (2001) professeure de psychologie à l’université de New York, montre, dans son article, que les stéréotypes de genres peuvent être un obstacle pour les femmes dans leur carrière. Les stéréotypes amènent les femmes à avoir une évaluation négative de leurs performances ; les femmes peuvent ne pas être reconnues pour leurs succès et même être pénalisées pour avoir été compétentes. De ce fait, les préjugés sexistes influenceraient l’auto-évaluations et l’expérience des femmes sur leur lieu de travail. À la fin d’une de ses études, Madeleine Heilman (2001), explique que même si une femme serait compétente, cela ne suffirait pas pour atteindre un poste avec beaucoup de responsabilité. Les attitudes des femmes seraient conditionnées par le contexte et les stéréotypes sous-jacents.
2.3 Vers une évolution ?
Dans une étude menée par Kessels et Hannover (2008), il a été montré que des filles dans une classe de physiques non mixte ont une meilleure image de leur capacité en science que des filles se trouvant dans des classes mixtes. Kessels et Hannover (2008), explique qu'apprendre les rôles sociaux assignés aux filles et aux garçons serait beaucoup moins accessible dans des classes non-mixtes que dans des classes mixtes. Donc, les représentations que les filles ont de leurs compétences en sciences étaient meilleures, car elles n'avaient pas connaissance des stéréotypes liés à leur genre. Ainsi, en fonction du contexte, les attitudes peuvent changer. Ainsi, il serait possible d'apporter du changement sur la manière dont les femmes seraient considérées dans le monde du travail en travaillant sur les normes sociales.
C’est la fin ! On espère que le sujet vous aura plu ! N’hésitez pas à nous donner votre avis en commentaire et à nous mettre des petites étoiles. On se retrouve pour le prochain épisode de Développe !
Les inégalités femme-homme dans le milieu professionnel - 🎧 Développe #33