Newsletter été Linkup : Le coaching cognitivo-comportemental
Tous les jours, un article sur le coaching, le management ou la psychologie, rien que pour vous, et pendant tout l'été ☀️
Le Coaching Cognitivo-Comportemental
Coaching comportemental ou Coaching béhavioriste ? En anglais on utilise le terme behavioural. En français, le vrai terme technique c’est béhavioriste. Mais vous pouvez dire comportemental, c’est la même chose et ce sera mieux compris. Le coaching cognitive-comportemental, c’est le coaching le plus communément connu. Celui qui se base sur des protocoles de questionnement stricts et éprouvés (pensez au Protocole de Formulation et de Définition de l’Objectif – PDFO – qu’on enseigne chez Linkup Coaching par exemple).
Avant de passer à l’opérationnel en deuxième partie d’article, je vous propose un petit tour théorique et conceptuel. Le but : qu’on sache de quoi on parle.
Le coaching Cognitivo-Comportemental, c’est quoi ?
Une définition rapide de l’approche comportementale
Le chien de Pavlov
En 1927, Pavlov publie un livre dont la postérité est telle qu’on en tire une expression. Le livre, c’est Conditioned reflexes: an investigation of the physiological activity of the cerebral cortex (1927, Oxford University Press). L’expression, réflexe Pavlovien. Si vous savez ce qu’est un réflexe pavlovien, vous connaissez la base du béhaviorisme. Pour rappel : on peut conditionner un comportement à partir d’un stimulus associé à une récompense ou une punition. En d’autres mots, sonnez une cloche à chaque fois que vous donnez à manger à un chien. SI vous le faites assez souvent, il finira par saliver en entendant une cloche. Quand bien même aucune nourriture ne lui est proposée.
Le conditionnement opérant de Skinner
Ce béhaviorisme pavlovien, il décrit un premier type de comportement : les comportements de réponse. Le second type de comportement, c’est le comportement opérant (on parle aussi de conditionnement de réponse et de conditionnement opérant). Cette distinction est proposée par un autre auteur qui améliore la théorie béhavioriste : Monsieur BF Skinner (Burrhus Frédéric). Il explique tout cela dans un livre paru en 1974 : About behaviorism.
Le conditionnement opérant est décrit comme ça par Skinner : lorsqu’un individu essaye un nouveau comportement, ce comportement se renforce si ses retombées sont positives. Et il a de grandes chances d’être abandonné dans le cas contraire. Donc les punitions et les récompenses sont essentielles pour conditionner le comportement d’autrui.
Le conditionnement par l’observation
Le dernier auteur important du béhaviorisme est un auteur que vous connaissez bien si vous êtes formé·es au coaching. Albert Bandura. En y réfléchissant un peu, il s’est dit qu’il manquait quelque chose dans cette théorie béhavioriste. Donc en 1969, il publie l’article « Social learning of moral judgments » (1969, Journal of Personality and Social Psychology, 11(3), 275–279). Et cet article, il fera date. Pourquoi ? Parce que Bandura explique qu’il n’est pas nécessaire de faire soi-même une expérience pour apprendre quelque chose. Il est possible d’apprendre par l’observation. En d’autres mots, les punitions et les récompenses que l’on observe entre d’autres individus peuvent conditionner notre propre comportement.
Du béhaviorisme au béhaviorisme cognitif
Dans les années 1970, le cognitivisme et le béhaviorisme se rencontrent et fusionnent pour donner le courant cognitivo-comportemental. On garde les prémisses de l’un et de l’autre puis on ajoute une interaction fondamentale entre les deux : les comportements peuvent être appris, maîtrisés et ancrés, mais un état cognitif peut empêcher leur déclenchement (stress intense, peur, opinions et émotions sur une situation, etc.). Exemple : je sais que je suis capable de réaliser une tâche, mais j’ai peur que mon entourage le prenne mal si je le fais, donc je ne fais rien. Le but de l’approche cognitivo-comportementale en psychologie, c’est de faire prendre conscience aux patient·es de ces blocages pour les lever. Quand on parle de croyances limitantes en coaching, on est pile là-dedans.
Le coaching Cognitivo-Comportemental en pratique
Les grands protocoles
Les coachings comportementaux et cognitivo-comportementaux sont connus pour s’appuyer sur des protocoles. Ces protocoles sont variés. On les retrouve parfois en management ou dans le monde de la formation professionnelle. Le dénominateur commun, c’est qu’ils permettent aux client·es de trouver leurs propres solutions. Le but : favoriser l’apprentissage et le développement des compétences.
Le modèle GROW
Le modèle GROW repose sur une méthode de questionnement ouverte inspirée de la maïeutique de Socrate (voir notre première newsletter pour le rappel de ce concept, pour vous inscrire, c’est par ici). Ce questionnement ouvert permet aux client·es de parcourir les quatre étapes du modèle :
La définition de l’objectif (goals)
L’exploration de la réalité (reality)
La visualisation des options et des ressources (options)
La visualisation du futur et du chemin pour y arriver (way forward)
Note aux lecteurs·trices : il existe de nombreuses variantes du modèle GROW que nous ne présenterons pas ici. Nous préférons nous concentrer sur l’essentiel.
La définition de l’objectif
La première phase, c’est la définition de l’objectif. On y posera des questions comme « qu’attendez-vous de cette situation ? » ; « que souhaitez-vous réussir ? » ; « que voulez-vous faire ? ». Pour plus de détail, voir par exemple le Protocole de Formulation et de Définition de l’Objectif vu en formation chez Linkup Coaching. Pour cette phase, il y a cinq points à retenir :
On cherchera à définir un objectif optimisé de sorte à ce qu’il soit le plus challengeant possible tout en restant réalisable.
L’objectif doit être précis, spécifique et mesurable
Il est essentiel que les client·es soient motivés par l’objectif
Les client·es doivent être capable d’atteindre l’objectif fixé et doit croire en sa capacité à l’atteindre
Lors du coaching, il est important de structuré l’objectif de manière à ce qu’il soit décomposé en buts à court, moyen et long terme.
L’exploration de la réalité
La seconde phase, c’est l’exploration de la réalité. On parle souvent d’ici et maintenant en coaching. Dans cette phase, coach·e et coaché·e travaillent sur les liens entre réalité présente et objectif fixé. Le but, créer des données qui permettront au coaché·e de mieux se projeter. On peut utiliser le questionnement, bien sûr, mais également des questionnaires spécifiques pour déterminer l’état de stress par exemple. Le but ici : que les client·es comprennent mieux leur situation actuelle pour se projeter de manière efficace et bénéfique. L’un des résultats de cette phase, cela peut-être la révision ou l’adaptation de l’objectif.
La visualisation des options et des ressources
Dans cette phase, le but est d’ouvrir le champ des possibles pour permettre aux client·es d’atteindre le mieux possible leurs objectifs. Dans cette phase, le questionnement permet aux client·es d’explorer le champ des possibles et de choisir les ressources et les options les plus pertinentes pour leurs situations.
La visualisation du futur et la mise en action
Cette dernière phase est très importante, c’est également la phase la plus caractéristique d’un modèle comportemental. Pourquoi ? Parce qu’elle repose sur ce qu’on appelle en anglais le « trial and error ». On teste, on évalue, on recommence. Dans un premier temps, il conviendra d’identifier un chemin pour atteindre notre objectif principal. On passera par un ensemble d’objectifs intermédiaires en suivant un plan d’action. Chaque étape du plan d’action sera revue en séance de manière à comprendre ce qui marche et ce qui ne marche pas pour les client·es. Les questions type de cette phase sont par exemple : « À quels obstacles vous attendez-vous ? » ; « Que prévoyez-vous pour y faire face ? » ; « Quelles ressources allez-vous mobiliser pour atteindre cet objectif ? » ; etc.
Le modèle PRACTICE
Le modèle PRACTICE est un modèle d’accompagnement pratique. Son but : proposer un protocole permettant de trouver des solutions à des problèmes. Comment ? En favorisant la recherche et la découverte de solutions. Pour l’utiliser, il faut identifier un problème, puis suivre les étapes du modèle pour le défaire. Comme un noeud. Attention cependant, le modèle PRACTICE n’est pas fait pour gérer les blocage psychologiques. Si votre client bloque à l’une ou l’autre des étapes, il est conseillé de changer d’approche et de passer par un autre type de protocole comportemental comme le modèle ABCDEF. On y revient plus bas.
Les sept étapes du modèle PRACTICE
Sept étapes composent le modèle PRACTICE. Vous allez le voir, elles ressemblent en certains points au modèle GROW :
L’identification du problème
La définition de l’objectif (PFDO, SMART, etc.)
La recherche des solutions et des options
L’exploration des conséquences
L’identification de la solution la plus efficace et faisable
L’implémentation de la solution
L’Évaluation du plan d’action mis en place
Les dénominations des étapes sont parlantes, rdv juste au-dessus avec le modèle GROW pour revenir en détail sur certains éléments bien connus des coach·es. À noter qu’avec ce modèle, on commence par le problème à résoudre. Cette particularité classe le modèle PRACTICE dans la catégorie des modèles de type « problem-solving » & « solution-seeking ». Il existe des versions plus courtes du modèle PRACTICE pour des client·es et des coach·es rompu·es à l’exercice (on sautera par exemple les étapes 3 & 4 ou 3, 4 & 5 pour se concentrer sur l’identification du problème, l’identification d’une solution, son implémentation et son évaluation).
Le modèle SPACE
Retour au début de cet article et on se rappelle qu’une approche cognitivo-comportementale en psychologie, c’est faire se rejoindre comportement et cognition. Et faire se rejoindre comportement et cognition, c’est appréhender un système individuel complexe composé de plusieurs modalités. Ces modalités, ce sont par exemple les émotions et les croyances (on est sur du cognitif ici), les actions ou encore les réactions physiologiques (comportemental pour ces deux dernières modalités). Très souvent dans un coaching, il sera nécessaire d’explorer ces différentes modalités pour comprendre l’état présent de nos client·es (on peut aussi parler de carte du monde pour ce qui est de l’état des représentations).
Le modèle SPACE en pratique
Le modèle SPACE est fait pour ça. C’est un protocole d’exploration des modalités cognitives et comportementales d’une personne, centré sur une situation problème. Son principal avantage, c’est qu’il permet de mettre en lumière les liens qui existent entre les modalités. Exemple tout simple : je suis stressé parce que j’ai peur (état physiologique d’un côté, émotion de l’autre). Les cinq modalités du SPACE sont les suivantes :
Le contexte social (social context)
L’état physiologique (physiological)
Les actions et les comportements (actions and behaviour)
La cognition
L’émotion
Contexte : je veux demander une augmentation. Cognition : je pense que ça va être difficile, parce que le COVID a ralenti l’activité. Émotion : je suis anxieux à l’idée de faire cette demande dans ce contexte. Physiologie : j’ai chaud, je rougis et je transpire. Action & Comportement : je fais les cents pas et je suis agité.
Et hop, le modèle SPACE m’a permis d’un coup de décrire une situation de manière multimodale. Et évidemment, ce n’est jamais aussi simple dans les faits. Mais ce modèle propose une cartographie simple et efficace sur laquelle il est intéressant de s’appuyer.
Le modèle ABCDEF
Nous l’avons évoqué plus haut : le modèle ABCDEF est particulièrement efficace quand il s’agit d’explorer l’impact émotionnel d’une situation. Ses six composantes sont les suivantes :
A : L’évènement déclencheur (Activating event)
B : Les croyances à propos de l’évènement déclencheur (Beliefs about A)
C : Conséquences de B
D : Discussion à propos de l’évènement et de sa perception
E : Visualisation d’une approche Efficace (effective new approach)
F : Focus futur
Les deux phases du modèle
Le modèle ABCDEF a deux phases : ABC et DEF. La phase ABC est une phase d’empowerment. Pourquoi ? Parce que le triptyque Évènement / Croyances / Conséquences permet de mettre en lumière une chose. Les conséquences (le stress ou l’anxiété ressentie par exemple) sont moins dues à l’évènement qu’aux croyances qui s’y rattachent. Mais pourquoi parle-t-on d’empowerment ? Parce qu’il est possible de modifier les croyances qu’on a sur un évènement plus facilement que l’évènement lui-même. Bref, cette première phase est une phase d’identification et de déconstruction des croyances (des croyances limitantes en particulier).
La phase DEF, c’est la phase de mise en action. On évoque l’évènement, sa perception, puis on définit un plan d’action et on s’applique à s’y tenir en définissant et en atteignant une série d’objectifs intermédiaires.
Les grandes problématiques à accompagner
Les protocoles de type Cognitivo-comportemental sont très souvent centrés solution (solution-focus) et ils sont construits pour résoudre des problèmes spécifiques (problem-solving). Résultat, ils sont très efficaces dans un cadre productiviste et très objectivé comme le monde professionnel. Le résultat est le même en coaching scolaire pour les mêmes raisons. La littérature scientifique a mis en avant la capacité de ce type d’approche à (entre autres) :
Améliorer la performance académique et la performance managériale
Améliorer le bien-être
Réduire le stress
Augmenter la capacité d’attention
Augmenter la capacité à aller au bout d’une tâche spécifique
Réduire le perfectionnisme
Voilà vous savez tout (ou presque) sur l’approche cognitivo-comportementale.
RDV demain, on continue à parler de management, de coaching et de psychologie !
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C'est agréable de lire une newsletter avec du fond, pas juste optimisée pour notre temps d'attention restreint, bravo à toute l'équipe pour ce niveau de qualité !