Newsletter été Linkup : Le coaching narratif
Tous les jours, un article sur le coaching, le management ou la psychologie, rien que pour vous, et pendant tout l'été ☀️
Les approches narratives en coaching
L’autre grand pan de l’approche constructiviste, c’est la construction identitaire par la narration. On parle alors du coaching comme d’un processus co-créatif qui repose sur la narration. C’est-à-dire que les coach·es donnent à leurs client·es un espace dans lequel ils ou elles peuvent partager leurs expériences. Et ce partage, c’est le matériau de base du processus co-constructif en coaching (un outil très connu qui renvoie à cette approche est sûrement la ligne de vie).
Les origines du coaching narratif
L’approche narrative en coaching, elle est issue d’une assez longue tradition. Dans le monde de l’accompagnement, on la retrouve en psychothérapie dans les années 1980 puis 1990 (on parle alors de thérapie narrative). Les travaux des psychothérapeutes qui développent cette approche se basaient eux-mêmes sur des travaux un peu plus anciens souvent inspirés de l’anthropologie et de la mise en scène de récits « identitaires » (au sens « récits qui racontent une identité »). On en trouve bon nombre dans les années 1960 (par exemple sur l’usage des symboles et des métaphores : Turner, V. (1967). The Forest of Symbols: Aspects of Ndemby Ritual. Ithaca, NY: Cornel Paperbacks.).
De la thérapie narrative au coaching narratif
La thérapie narrative finit par se traduire dans le monde du coaching dans les années 2000 avec plusieurs auteur·es. On peut citer par exemple Ho Law, Julie Allan, Ncazelo Ncube, ou encore Reinhard Stelter (RDV en fin d’article pour les références exactes). Ce dernier propose la définition suivante du coaching narratif :
C’est une conversation et un dialogue. Un processus co-créatif, […] qui doit permettre d’ouvrir de nouvelles possibilités d’action, dans les contextes et les environnements qui posent problème.[1]
L’approche narrative : éléments conceptuels
Comme l’approche constructiviste, l’approche narrative du coaching se base sur un petit groupe de prémisses. Trois au total :
Le constructionnisme herméneutique : en fait ce n’est pas du tout compliqué, ça veut dire interprétation constructiviste du monde. En d’autres mots : le sens qu’on donne aux choses, à notre vie, à la vie des autres, etc., c’est un produit construit socialement. Bref, le sens, c’est le résultat d’une interaction. En pratique, quand vous racontez une expérience vécue, vous racontez une histoire. Et en racontant cette histoire, vous produisez du sens.
La complexité : La vie est un ensemble de plusieurs histoires, de plusieurs récits. Et certains récits seront plus ou moins prééminents en fonction des moments de votre vie, des endroits où vous vous trouvez, des personnes desquelles vous êtes entouré·es, etc. Dans la pratique narrative, il est important de considérer l’ensemble de ces récits, et non pas simplement le récit proposé par la personne à un instant t.
L’agentivité : l’agentivité, c’est la capacité d’être un agent (comme lui). C’est-à-dire la capacité à agir. Cette prémisse est évidemment commune à tout coaching. En s’appuyant sur les récits et d’éventuels récits alternatifs, un processus narratif permettra aux client·es de retrouver une agentivité perdue.
L’approche narrative en pratique
Les spécificités méthodologiques
Du côté pratique, une approche narrative s’appuie sur trois éléments fondamentaux. D’abord, un rapport collaboratif horizontal et symétrique. Il faut être capable de ressentir le récit de l’autre et de le partager. Ensuite, un apprentissage collaboratif qui suit le cycle de l’apprentissage de Kolb (à savoir : expérience concrète -> conceptualisation abstraite & réflexion -> action). Enfin, une fluidité coach·e/coaché·e qui renvoie au rapport horizontal. Les coach·es apprennent autant du processus que les coaché·es.
En d’autres mots, la pratique de l’approche narrative, c’est faire des coach·es et des coaché·es des associé·es de l’entreprise de production de sens qu’est le processus de coaching.
La tâche principale du ou de la coach·e, c’est donc 1) de recueillir le matériau (les expériences et les récits) et 2) de mettre l’accent sur les moments significatifs vécus et d’en retirer des leçons qui constitueront des ressources internes pour les client·es.
Le public de l’approche narrative
Law indique que le public le plus à même de bénéficier de cette approche est celui des personnes qui voyagent beaucoup et ont vécu dans divers endroits. Expatrié·es/impatrié·es par exemple[2].
RDV demain, on continue à parler de management, de coaching et de psychologie !
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Notes
[1]Traduction personnelle de Stelter, R. (2013). A Guide to Third Generation Coaching: Narrative-Collaborative Theory and Practice. Dordrecht, Heidelberg: Springer., p.8. Cité par Law, H. (2018) « Narrative coaching for all (adults, children, groups and communities) », in Palmer & Whybrow (éd.), Handbook of Coaching Psychology, Routledge, 2nd Edition
[2]Law, H. (2018) « Narrative coaching for all (adults, children, groups and communities) », in Palmer & Whybrow (éd.), Handbook of Coaching Psychology, Routledge, 2nd Edition, p. 264