Dans cet épisode, nous aborderons le concept de résilience.
Le cadre de la résilience
Le dictionnaire Larousse définit la résilience comme l’« aptitude d’un individu à se construire et à vivre de manière satisfaisante en dépit de circonstances traumatiques ». La résilience apparaît ainsi comme la capacité à vivre et à se développer en surmontant des chocs traumatiques ou des situations d’adversité. Ce concept est multidimensionnel dans la mesure où il intègre les apports des théories développementales, systémiques et psychanalytiques.
À la base, la résilience est un concept employé en physique et en mécanique pour définir la capacité d’un matériau à revenir à son état initial après un choc. En ce sens, la résilience est définie comme une « caractéristique mécanique définissant la résistance aux chocs d’un matériau ». Le matériau est donc en mesure de faire preuve de flexibilité et de résistance afin de rester intact malgré une pression importante.
Résilience et stabilité
Les origines de la résilience prennent racine avec le concept la stabilité
Tout écosystème étant instable par nature, cette instabilité est alors favorable à l’émergence d’une résilience. Ainsi, une corrélation négative est entretenue et nécessaire entre la stabilité et la formation de la résilience pour la formation de cette dernière. Autrement dit la résilience doit être corrélé avec une instabilité de l’environnement et qui par conséquent admet des répercussions sur l’individu
Ces recherches ont donc permis d’élargir le champ d’application de la résilience, et notamment en psychologie, avec les premières réflexions sur la résilience individuelle.
La résilience individuelle, une émergence grâce au coping et à la vulnérabilité
Deux concepts majeurs ont favorisé l’apparition de la résilience individuelle en psychologie :
– Le premier est le coping qui se traduit par l’idée de faire face à sa situation en dépit de son handicap (physique, mental ou chronique), son traumatisme ou malheur tel que le stress, la maladie, la guerre.
– Le second est celui de l’invulnérabilité. Cette notion est perçue comme une force innée liée à la personnalité qui permet à l’individu de ne pas sombrer au cours de sa vie malgré le traumatisme.
Les notions de « coping » et d’invulnérabilité ont donc préparé le terrain à l’émergence de la résilience individuelle. Ajoutons que « l’invulnérabilité n’est pas la résilience, car pour qu’il y ait résilience, il faut au préalable avoir été touché et déstabilisé par un évènement ». De plus certains considèrent le coping comme une condamnation des victimes confrontés à leur situation.
Nous ne sommes pas totalement d’accord avec cette vision. En effet, Nous pensons justement que certaines stratégies de coping pourrait favoriser la résilience et à l’inverse certaines stratégies plus dysfonctionnels ne la favorise pas. Ce qui donc n’admettrait pas, selon nous, une forme de condamnation des victimes, mais plutôt une volonté intrinsèque de l’individu à faire face.
Approche de la résilience
Il n’existe pas de théorie unifiée de la résilience à ce jour. Cependant, Il existe principalement trois grandes approches du concept de résilience individuelle : l’approche par la théorie cognitivo-comportementaliste, l’approche médicale en santé publique et l’approche psycho-dynamique.
L’approche cognitivo-comportementaliste définit la résilience comme une caractéristique innée qui s’attarde sur les capacités protectrices, de résistance et de développement qui se révèlent dans un contexte adverse et/ou précaire
Cette approche s’attarde sur le processus cognitif d’adaptation et d’ajustement des individus avec les concepts centraux de stress et de coping (Teneau, 2011 ; Kone, 2021). Dans ce courant, la résilience admet une attitude d’adaptation positive de l’individu et de résistance en dépit de sa situation d’adversité (Masten et al., 1990 ; Kone, 2021). Toutefois, soulignons la prudence de ne pas tomber dans l’exagération en termes d’adaptation (Tychey & Lighezzolo, 2004). « La simple adaptation aux petits soucis de la vie quotidienne ne suffit pas pour parler de résilience » (Kone, 2021).
La résilience étant susceptible d’évoluer (Windle, 2011), la vision d’un parcours de résilience ne serait possible que par un processus d’adaptation de l’individu à sa situation (Cyrulnik, 1999). ce qui nous amène à la seconde approche
L'approche médicale en santé publique, un processus
la résilience n’est plus perçue comme une capacité, mais plutôt comme un processus dynamique et progressif qui se bâtit au fur et à mesure que l’individu interagit avec son environnement socio-affectif.
Ainsi, plusieurs chercheurs ajoutent que tout individu peut devenir résilient à l’aide d’un accompagnement réalisé par des « tuteurs de résilience ». Ces tuteurs sont des individus sur lesquelles les personnes peuvent compter pour le développement de leur résilience. Ce sont donc des relations significatives pour l’individu qui ont pour objectif d’activer un potentiel de résilience chez les individus
L’approche psycho-dynamique
Cette dernière approche regroupe les deux précédentes et demeure la plus utilisée dans les recherches sur la résilience. Elle est définie comme le développement de l’individu face à l’adversité, qui surpasse son fonctionnement antérieur et sollicite ces ressources face aux difficultés de sa situation. Ainsi, cette approche considère la résilience comme un phénomène dynamique du sujet et de l’analyse de son psychisme. Ce phénomène mobilise donc les deux approches précédentes avec à la fois des capacités internes et du soutien externe (Charreire-Petit & Cusin, 2013). Selon cette approche, deux conditions doivent être réunies pour parler de résilience (Cyrulnik, 2001) :
– Tout d’abord, la présence d’une situation d’adversité ;
– Puis, une reprise du développement de l’individu et de la confrontation à sa situation.
CONCLUSION
En bref, la résilience permet de faire face aux situations d’adversité. les notions de stabilité, de coping et de vulnérabilité ont permis l’émergence de la résilience individuelle. Il existe trois approches de la résilience étant donné qu’il n’y a pas encore de théorie unifié.
La première approche considère la résilience comme une capacité avec notamment les stratégies de coping. Tandis que la seconde approche la considère plutôt comme un processus dans laquelle des tuteur de résilience serait un soutien externe majeur à ce processus. Enfin, la troisième approche regroupe les deux précédentes et est la plus employés à ce jour. Elle combine donc à la fois le statut de capacité et de processus dans lequel les stratégies de coping et les notions de soutien externe joue un rôle.
Crédits musique :
"Vibing Over Venus" Kevin MacLeod (incompetech.com)
Licensed under Creative Commons: By Attribution 4.0 License
http://creativecommons.org/licenses/by/4.0/
"Pleasant Porridge" Kevin MacLeod (incompetech.com)
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