Introduction podcast
Bienvenue dans le podcast qui vous plonge au cœur de l’esprit humain. Je suis Nassima, psychologue du travail, et je serai votre hôte dans cet épisode dédié à la quête passionnante des mystères de la psychologie. Dans chaque épisode, nous parlerons de la psychologie sous différents aspects pour mieux comprendre ce qui nous rend heureux, épanouis et en harmonie avec nous-mêmes.
Que vous soyez un amateur ou un professionnel de la psychologie, ce podcast est fait pour vous. Alors, installez-vous confortablement, ouvrez votre esprit et préparez-vous à plonger dans le monde fascinant de la psychologie.
Le sujet
Le syndrome de l'imposteur est un phénomène psychologique qui touche de nombreuses personnes, et ce, dans plusieurs domaines. Ce syndrome se caractérise par un sentiment persistant de doute et de peur d'être exposé comme étant un "imposteur", malgré les preuves évidentes de compétence et de réussite. Il a été identifié pour la première fois par les psychologues Pauline Clance et Suzanne Imes dans les années soixante-dix, grâce à une étude sur des femmes à succès (1978).
Le syndrome de l’imposteur est un sujet dont le grand public s’est emparé (Bonnetto & Perrier, 2023). Ainsi, il est difficile de savoir quelles sont les informations fiables et valides. Les chercheurs Bonetto et Perrier (2023) proposent une définition et une revue de la littérature expliquant les tenants et les aboutissants du syndrome de l’imposteur. À travers cet article, ils nous proposent d’explorer le sujet pour savoir ce qui découle vraiment de ce syndrome. Et on vous explique tout ça ici !
Le syndrome de l’imposteur n’est pas un trouble, il n'est donc pas répertorié dans le DSM-V.
Le processus du syndrome de l’imposteur
Mais comment ce syndrome prend de la place dans notre esprit. Le syndrome de l’imposteur est lié à des traits individuels de personnalité et des facteurs psychosociaux. Les études sur ce sujet sont diverses. Effectivement, il existe différentes explications sur son apparition, avec des niveaux de complexité variable (Bonnetto & Perrier, 2023).
L’art du dressage du symptôme de l’imposteur
Le syndrome de l’imposteur peut être dû à l’apprentissage et au conditionnement selon les modèles cognitivo-comportementaux (Chassangre & Callhan, 2017). Il prend donc naissance, la plupart du temps, au sein des dynamiques familiales. Voici quelques-unes de ces dynamiques qui peuvent expliquer son apparition (Chassangre & Callhan, 2017) :
L'existence d’un décalage entre l’image véhiculée dans la famille et l’image externe au cercle familial ;
La valorisation excessive de l’intelligence, créant la croyance chez l’enfant que pour être accepté, il doit être intelligent ;
L'environnement compétitif avec des évaluations continues ;
La non-mise en avant des qualités chez l’enfant.
Un prototype du syndrome de l’imposteur
Dans leur article, Chassangre et Callhan (2017), expliquent qu’il existerait un profil type des personnes souffrant du syndrome de l’imposteur. Souvent, ce sont des personnes introverties qui ont du mal à recevoir les compliments, elles sous-évaluent leur capacité et surestiment celle des autres. Elles définissent la valeur d’un individu à la hauteur de son intelligence et sont caractérisées par de l'anxiété-trait. Elles craignent les situations d’évaluation et d’échec. Lorsqu’elles réussissent, elles culpabilisent, pensant ne pas le mériter. Dans leur quotidien, lorsqu’on leur demande de faire quelque chose, elles perpétuent la répétition de schémas handicapants (voir cycle de l’imposteur).
Symptômes du syndrome de l’imposteur
Plusieurs facteurs peuvent contribuer au développement du syndrome de l’imposteur chez les travailleurs. Parmi ceux-ci, on retrouve notamment :
Les attentes élevées : les individus qui se fixent des normes irréalistes ou qui sont soumis à des attentes élevées de la part de leur entourage professionnel sont plus susceptibles de développer le syndrome de l'imposteur. Ils ont tendance à craindre de ne pas être à la hauteur de ces attentes et à douter de leurs propres capacités.
Le perfectionnisme : le perfectionnisme est souvent associé au syndrome de l'imposteur. Les perfectionnistes ont tendance à se fixer des objectifs très élevés et à être très autocritiques envers eux-mêmes. Ils sont généralement préoccupés par la peur de l'échec et craignent d'être jugés négativement par les autres.
Les comparaisons sociales : les individus qui se comparent fréquemment aux autres sont également plus susceptibles de développer le syndrome de l'imposteur. Ils ont tendance à surestimer les réussites des autres tout en sous-estimant les leurs, ce qui renforce leur sentiment d'être un imposteur.
Les stéréotypes de genre : peuvent aussi jouer un rôle dans le développement du syndrome de l'imposteur. Les femmes, par exemple, sont fréquemment confrontées à des attentes sociales différentes de celles des hommes en ce qui concerne leurs performances professionnelles. Elles sont plus susceptibles de douter de leurs compétences et de leur légitimité dans des domaines traditionnellement masculins. (Ce sont des propos que je nuancerai plus tard dans l’épisode de ce podcast)
Le cycle de l’imposteur : une stratégie de handicap
Maintenant, je vais tenter de vous modéliser/expliquer le syndrome de l’imposteur. Dans un premier temps, le syndrome de l’imposteur marche sous forme de cycle.
Le cycle de l’imposteur (Clance, 1985, cité dans Chassangre & Callhan, 2017) apparaît lorsqu’une personne doit commencer une nouvelle activité, qu’elle lui soit familière ou non. Cette demande déclenche des cognitions négatives qui sont dues à une faible perception de ses capacités (stress, pensées et émotions négatives). Au moment de réaliser cette activité, l’individu va adopter un comportement délétère : soit procrastiner, soit travailler plus que de raison. Souvent, les résultats des activités/ des tâches sont positifs, mais la personne attribue sa réussite, soit à la chance, soit à ses efforts. Néanmoins, peu importe le type d’attribution qu’elle réalise, elle finit toujours par se dénigrer en refusant d’accepter les retours positifs, car elle a l’impression de leurrer son entourage et de n’être qu’une mascarade. Naturellement, l’individu perçoit un faible sentiment d’auto-efficacité, nourrissant son sentiment d’incapacité pour les prochaines activités.
Ce fonctionnement est semblable à celui de l’anxiété de performance.
Soigner le syndrome de l’imposteur
Ok, on peut se demander maintenant que nous avons compris ce que c’est et comment il fonctionne, est-ce que ça se soigne ?
Les personnes avec le SI ont recours à un processus de comparaison sociale inadapté. Pour diminuer l’impact du SI, les recherches font consensus quant au fait qu’il faille d’abord travailler sur les caractéristiques personnelles pour agir, par effet papillon, sur l’environnement (Bonnetto & Perrier, 2023). Il est préconisé de faire des thérapies de groupe pour sortir de sa solitude, remettre en question les paradoxes qui font qu’une personne se sente comme une imposture (ex : avoir beaucoup d’ambition, mais aussi peur de réussir/culpabilité quand elle réussit ; gros objectifs, mais qui ressent beaucoup de contrainte pour les atteindre) (Chassangre & Callhan, 2017). L’idée est d’apporter de la compréhension et des stratégies d’adaptation pour que les individus puissent dealer avec les effets du SI.
Les rumeurs sur le syndrome de l’imposteur
Le SI est putaclic. On entend tout et son contraire. Je tenais donc à vous partager des infos sur de la recherche scientifique pour que vous puissiez déceler le vrai du faux dans ce que l’on peut entendre sur ce syndrome. Dans une revue systématique qui date de 2020 Bravata et collaborateurs, ont enquêté. Le but étant de discerner le vrai du faux, entre ce que l’on peut trouver dans les articles grand public et les articles scientifiques.
Pendant très longtemps, un effet de genre était présent dans la littérature, mais des études ont montré que ce n’était pas le cas. Par conséquent, le syndrome de l’imposteur ne touche pas plus les femmes que les hommes. Bravata et collaborateurs, (2020) expliquent ce biais par la dominance des études princeps sur ce sujet, que sur les femmes. En revanche, le fait d’appartenir à une minorité ou avoir une culture différente peut renforcer l’apparition du SI.
Ensuite, il est très souvent admis que les effets du syndrome de l’imposteur diminuent avec l’âge, or certaines études montrent que oui, d’autre non. C’est encore ambivalent.
Enfin, est-ce que le SI serait le signe d’être une personne anxieuse et/ou susceptible d’être dépressive. La réponse est oui, si vous décelez ce syndrome chez quelqu’un, il est probable que cette personne puisse vivre un épisode dépressif dans sa vie et/ou ressentir de l’anxiété.
Alors, est-ce que vous étiez au fait sur le phénomène de SI ou avez-vous appris de nouvelles choses ? N’hésitez pas à me partager votre avis en commentaire.
Conclusion
Et puis comme d’habitude, on termine l’épisode avec le fait qu’il ne faut pas oublier pas que comprendre ce qui participe à notre bien-être nous aide, nous et notre entourage, à mener des vies plus épanouissantes. À terme, adopter un mode de vie sain pourrait même guider les décisions politiques et sociales dans la création d’environnements adaptés à nos besoins et bienveillants. Donc, apprendre à se connaître et à cheminer permet de faire bouger son environnement. Comme disait Gandhi : vous devez être le changement que vous voulez voir dans ce monde.
Voilà c’’est la fin, j’espère que ça vous aura plu. On se retrouve pour le prochain épisode. Prenez soin de vous !
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