Bienvenue dans Développe. Cette semaine c’’est Nassima, je suis psychologue du travail, et je serai votre hôte durant cet épisode. Aujourd’hui, on va parler de technologie et de travail.
L’introduction des technologies massive dans les organisations a amené de nouvelles dynamiques de travail pouvant avoir un impact sur la qualité de vie des employés. On en parle ici !
Depuis les années 80, la recherche s’est penché sur le stress véhiculé par l’usage des technologies. Ce phénomène s’appelle le technostress.
Qu’est-ce que le technostress ?
Définir le technostress
Lors d’une interview de René Riedl, pour la Revue de Gestion HEC de Montréal, le chercheur nous explique ce qu’est le technostress. Le technostress est un concept issu de la littérature anglo-saxonne. Il survient lorsqu’un individu entre en interaction avec des TIC (technologie de l’information et de la communication). L’usage des TIC peut entraîner une charge de travail supplémenta ire en plus de la réalisation de la tâche principale (Tarafdar et al., 2007, cité dans Castillo et al., 2023). Plusieurs facteurs peuvent générer du technostress (Tarafdar et al., 2007).
Facteurs de risque du technostress
Parmi ces facteurs, on retrouve le sentiment de ne pas avoir de contrôle, la difficulté à maîtriser les technologies, le fait que la technologie soit intrusive et l’obsolescence de la technologie. Nous allons en parler plus en détail.
Tout d’abord, un individu peut avoir le sentiment de ne pas avoir de contrôle. En effet, avec les TIC, il est possible de transmettre et de recevoir une quantité importante d’information, pouvant générer la sensation d’être submergé. Cela s’explique par la multiplication des canaux de communication.
La maîtrise des technologies semble complexe parfois, surtout si leur usage n’est pas intuitif. Devoir maîtriser les technologies peut entraîner également une remise en question sur ces capacités à pouvoir réaliser son travail. Des employés·ées peuvent ainsi perdre confiance en leur compétence.
Ensuite, le chercheur, René Rield évoque le phénomène de technologie intrusive. Cela renvoie à la difficulté de déconnecter avec le travail, rendant perméable la frontière entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Qui n’a jamais ouvert un mail venant du bureau, dans la soirée (ou pire, pendant les vacances). Le fait de ne pas prendre de vrai temps de repos empêche une bonne récupération.
René Fiel termine en parlant de l’obsolescence technologique. Avec l’évolution des technologies, les employés·ées peuvent se sentir dépassés, car il faut sans cesse se renouveler face la nouveauté.
Chacun de ces facteurs sont susceptibles de causer du stress aigu ou chronique (Castillo et al., 2023), si un individu présente une affinité avec un ou plusieurs de ces facteurs. Toutefois, la technologie en elle-même ne serait pas l’unique source de difficulté.
Le technostress : unique problème ?
Des études ont montré que l’usage des TIC n’était par la raison principale du technostress. En réalité, leur présence dans les organisations amènerait des exigences supplémentaires, au-delà de la réalisation de la tâche. Ce faisant, ces demandes supplémentaires représenteraient une pression et une charge en plus à réaliser par l’employé·ée (Day et al., 2012, Bobillier-Chaumon et Eyme, 2011, cité dans Castillo et al., 2023), car ces derniers devront peut-être se montrer disponible et mettre en pause leur travail pour répondre à un mail par exemple.
Conséquences du technostress
Le technostress peut avoir des conséquences négatives pour les individus. Une étude expérimentale de Riedl et collaborateur(2013) montre que l’apparition de message d’erreur sur une interface informatique augmentent le niveau de cortisol chez le participant (le cortisol étant l’hormone du stress) (Castillo et al., 2023). À cela, nous pouvons ajouter tous les effets du stress sur les individus qu’on lui connait, comme la fatigue mentale, la diminution de la concentration, le sentiment d’épuisement, etc. Sur le plan organisationnel, l’exposition au technostress peut affecter l’engagement des employés·ées et parfois même engendrer de l’absentéisme, explique René Riedl, pour la Revue de Gestion HEC de Montréal.
Conclusion
Le technostress représente un enjeu croissant dans le monde professionnel actuel, où les outils numériques sont omniprésents. Si les technologies permettent de gagner en productivité et en efficacité, elles peuvent aussi générer des niveaux élevés de stress et de fatigue mentale. Pour faire face à ce défi, les entreprises doivent adopter des stratégies préventives afin de créer un environnement de travail où la technologie reste un atout et non une source de mal-être. Elles peuvent financer des formations pour apprendre à utiliser des outils numériques, encourager à la prise de pause et à bien couper pendant les heures de non-travail (se référer à la loi Du droit à la déconnexion, article L2242-17 du Code du travail). La gestion du technostress, en équilibrant l’usage des outils numériques et le bien-être des employés, est essentielle pour garantir des performances optimales et une meilleure qualité de vie au travail.
C’est la fin ! On espère que le sujet vous aura plu ! N’hésitez pas à nous donner votre avis en commentaire et à nous mettre des petites étoiles. On se retrouve pour le prochain épisode de Développe !
Bibliographie
Les dangers du technostress | Revue Gestion HEC Montréal. (2023). Consulté 10 octobre 2024, à l’adresse https://www.revuegestion.ca/les-dangers-du-technostress
Castillo, J., Galy, E., & Thérouanne, P. (2023). Le Technostress et sa relation avec la charge mentale en contexte professionnel. Psychologie du Travail et des Organisations, 29(4), 197‑213. https://doi.org/10.1016/j.pto.2023.06.001
Tarafdar, M., Tu, Q., Ragu-Nathan, B. S., & Ragu-Nathan, T. S. (2007). The Impact of Technostress on Role Stress and Productivity. Journal of Management Information Systems, 24(1), 301‑328. https://doi.org/10.2753/MIS0742-1222240109
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